L’émétophobie ou l’angoisse de vomir

La plupart des personnes perçoivent les vomissures comme des substances écœurantes et l’action de vomir n’est jamais vécue comme agréable. Cependant les personnes souffrant d’une émétophobie ont l’angoisse de vomir et trouvent le fait de vomir à un tel point abominable que ceci a des conséquences importantes sur leur vie de tous les jours. Certains vont même en arriver à ne plus oser sortir de chez eux.

L’émétophobie qui touche plus de femmes que d’hommes fait partie des phobies spécifiques comme l’aquaphobie, l’aviophobie (peur des avions) ou encore l’arachnophobie (peur des araignées).

Souvent les personnes présentant des phobies spécifiques ne sont prises en charge que très tardivement, car ils font souvent en sorte que les objets ou situations qui font l’objet de leur phobie soient le plus possible évités. Les personnes qui ont des angoisses en avion, vont éviter de prendre ce moyen de transport par exemple. Ceci ne sera que très partiellement vrai pour l’émétophobie.

Les symptômes

Bien évidemment il existe une large variabilité concernant la sévérité de l’émétophobie. Certaines personnes touchées par cette forme de phobie vont avoir peur de voir vomir. D’autres personnes craindront d’être vues en train de vomir. Et en conséquence, elles éviteront toutes les situations et les lieux jugés par elles « dangereux ». Chaque signe corporel, en particulier ceux venant de la sphère gastro-intestinale, est vécu comme une menace. Il peut s’agir d’états nauséeux, mais aussi simplement de gargouillements de l’estomac ou de bruits intestinaux.

Il peut très vite s’établir un cercle vicieux qui s’appuie sur un mécanisme où l’angoisse elle-même à travers de l’excitation au niveau du cerveau, du nerf vagal peut induire des sentiments de nausées.

Les symptômes peuvent se résumer de la manière suivante :

  • La peur de vomir ou de voir vomir d’autres personnes ;
  • L’évitement des situations anxiogènes (qui provoquent l’angoisse) ;
  • Ou le fait de supporter ces situations en ressentant toujours un énorme malaise ;
  • Au moment de la confrontation avec des vomissures, l’angoisse se manifeste typiquement par une accélération du rythme cardiaque voire des douleurs à la poitrine, des vertiges, de la transpiration, la peur de faire un malaise voire de mourir, c’est-à-dire les signes caractéristiques d’une attaque de panique.
  • Parfois un amaigrissement important peut se produire, car la peur de consommer des aliments s’installe et on évite de manger par peur de vomir. Ainsi il arrive que l’on confonde l’émétophobie avec l’anorexie mentale.
  • Certaines femmes peuvent avoir peur de tomber enceintes par crainte de ressentir des nausées ou de vomir pendant la grossesse, ou plus tard d’être en face d’un bébé qui va lui-même vomir.

Les conséquences

Les personnes atteintes de cette maladie sont conscientes que leur peur est exagérée, ce qui ne les aide cependant pas à lutter contre leur peur et à la supprimer.

Les conséquences sociales et médicales de l’émétophobie sont très variées, mais touchent le plus souvent les sphères de l’alimentation ce qui peut provoquer dans certains cas des amaigrissements importants et dangereux pour la santé. Ainsi certaines personnes touchées ne mangent par exemple que des aliments congelés en espérant qu’ils contiennent moins de microbes. Les invitations chez des amis sont refusées. Les chips, les pizzas, la glace, l’alcool vont être évités, mais cela va pouvoir être aussi le fromage, le lait, les œufs, la viande, les légumes et les fruits frais, etc. Pour certains, la préparation de la nourriture va devenir insupportable et en conséquence ils réchaufferont uniquement des plats préfabriqués et congelés. Trop souvent, ces personnes ne seront plus dans la capacité de poursuivre jusqu’à son terme leur cursus scolaire ou universitaire ou de poursuivre leur activité professionnelle.

Prise en charge

La prise en charge devrait intervenir le plus tôt possible, mais c’est rarement le cas. Les patients ont avec fréquence honte de parler de leurs symptômes à leur médecin.

La prise en charge associe en règle générale la pharmacothérapie par antidépresseur sérotoninergiques à hautes doses avec une thérapie cognitive et comportementale.

Dans ces thérapies (TCC), les personnes sont désensibilisées par paliers aux situations anxiogènes en commençant avec une situation peu anxiogène et en augmentant successivement la difficulté tout en évitant le comportement de l’évitement. Quelques centres thérapeutiques utilisent la réalité virtuelle dans ces techniques thérapeutiques. Un patient motivé d’affronter ses peurs peut après seulement quelques semaines observer une diminution significative de la gravité de sa maladie.

Depuis peu, on utilise aussi avec succès des techniques de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT) dans le traitement des phobies spécifiques.

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