La Dysmorphophobie
D’après les études internationales portant sur ce sujet, environ deux pour cent de la population au niveau
mondial est
atteinte d’un trouble qu’on appelle la dysmorphophobie.
Dans le grand public et même chez les médecins, ce trouble qui est proche des troubles obsessionnels et
compulsifs
est mal connu. Souvent les personnes concernées l’ignorent elles-mêmes et ne savent pas qu’elles sont
atteintes
d’une maladie psychique tant elles sont focalisées sur leur corps.
Pour ces personnes, toutes les parties du corps, tous les organes peuvent devenir objets de honte et de
culpabilité. Le plus souvent, ce sont la tête et le visage qui sont au centre des préoccupations.
Les patients dysmophophobiques peuvent passer de très longues heures devant une glace à s’inspecter, à essayer d’identifier
les défauts de
leur visage, leurs dents, leurs cheveux ou leurs oreilles... Elles vont aussi passer d’autres longues heures à
d’essayer de
les cacher. Cette obsession peut se fixer sur la silhouette, les seins, les jambes ou les fesses ou même pour
certains sur la
musculature. « Ces défauts » vont devenir très vite insupportables et finir pour la majorité des personnes
affectées par rendre
odieux l’ensemble de leur corps.
Les signes et symptômes
Il est tout à fait normal de se questionner sur son corps pendant l’adolescence. Nombreux sont les jeunes ados
qui passent
beaucoup de temps dans la salle de bains, à s’observer, se peigner, se maquiller (en ce qui concerne les filles)
et ensuite
s’habiller. Car trouver le bon vêtement n’est pas mince affaire non plus ! Ceci n’a rien de pathologique. Il ne
s’agit pas
d’une maladie psychique, mais simplement de la découverte de son nouveau corps suite aux changements
morphologiques de
cette période de la vie.
Lorsque l’on est atteint de dysmorphophie, l’attention que l’on porte à son
corps est objet de
souffrance. On se sent défiguré. Ce sentiment d’être difforme est
accompagné d’obsessions et
compulsions qui peuvent provoquer un véritable handicap psychique. Certains patients ne peuvent pas
quitter leur
domicile par temps de pluie. Ils craignent que celle-ci n’efface le make-up appliqué pendant des heures.
D’autres
auront le même type d’angoisse s’il y a du vent, et s ‘abstiendront de sortir par peur d’être décoiffés…
Dans les cas sévères, certains vont rester cloîtrés chez eux pendant des semaines. D’autres vont s’appliquer des
crèmes et
produits à s’en provoquer des blessures et des plaies.
Les conséquences
Les conséquences peuvent être dramatiques au niveau social et se traduire par un
repli social et des difficultés à avoir des
relations stables. Et en effet, 70 % des malades vivent seuls.
Elles peuvent l’être aussi professionnellement : plus de 60% des personnes concernées sont sans travail.
Par ailleurs, les
dépressions
ne sont pas rares : 70% des patients dysmorphophobiques ont des
idées suicidaires et 20 % d’entre
eux ont connu des tentatives de suicide.
Bien souvent aussi pour trouver un remède à leur problème et apaiser leur souffrance, la solution va être
recherchée auprès du
chirurgien esthétique ou du dermatologue. 20% des patients souffrant d’une dysmorphophobie se font opérer par un
chirurgien
esthétique. Cependant l’intervention chirurgicale ne va guère changer le problème et souvent les personnes
affectées ne sont pas
contentes avec les résultats de l’intervention, ou se trouvent par la suite un autre défaut sur une autre partie
du corps.
Les causes
Les causes de ce trouble sont encore mal connues. On note des facteurs de vulnérabilité aussi bien dans le
patrimoine génétique que
dans la biographie de la personne. Des
moqueries sur le physique pendant l’enfance, des sévices et certaines constellations
familiales ont été corrélés à un risque élevé d’être affecté par la maladie.
La prise en charge thérapeutique
Que peut-on faire ? Dans cette indication précise, plus efficace que la chirurgie esthétique est
la
Thérapie Cognitive
et Comportementale. Elle peut être éventuellement associée à un traitement médicamenteux
par antidépresseur
(Inhibiteur de la Recapture de la Sérotonine).
Dans tous les cas, le médecin traitant est la première personne à contacter.
Pour aller plus loin
On peut trouver des coordonnées de psychiatres pratiquant les thérapies cognitives et comportementales sur le
site de
l’Association Française des de Thérapie Comportementale et Cognitive.