Les troubles obsessionels compulsifs

La personne qui va souffrir d’un Trouble Obsessionnel Compulsif peut passer des heures entières à se laver par crainte d’une éventuelle contamination, ou à vérifier si tout est bien en ordre et si par exemple toutes les portes et robinets sont bien fermés. Elle peut également éprouver la nécessité de se répéter des calculs mathématiques ou des formules « incantatoires » chaque fois qu’elle aura eu l’impression d’avoir eu une mauvaise pensée ou un réel mauvais pressentiment.

Les Troubles Obsessionnels Compulsifs (ou TOC) sont des troubles relativement fréquents. Ils touchent approximativement 2% de la population et apparaissent en général chez des personnes jeunes (avant l’âge de 25 ans et les enfants représenteront un tiers des patients).

Ce sont des troubles qui peuvent devenir très envahissants et constituer un vrai handicap quand ils finissent par perturber les activités du quotidien et rendre les relations avec autrui compliquées.

Pour les personnes souffrant de TOC, ils sont souvent la cause de grandes souffrances tant affectives que sociales ou d’ordre professionnel.

Quels sont les signes de cette maladie ?

Les Troubles Obsessionnels Compulsifs se présentent le plus souvent comme l’ association de rituels, d’obsessions et d’évitements.

Les compulsions

Les « rituels », également dénommés « compulsions », sont des comportements que le sujet ne peut généralement s’empêcher de réaliser (« je sais que je ne devrais pas le faire, mais c’est plus fort que moi »). Ils représentent une contrainte répétitive, la personne est conscience la plupart du temps de leur caractère absurde. Les compulsions consistent, au-delà des rituels qualifiés d’ « habituels » (ceux de la vie courante), en des actes de vérification, de répétition, de désinfection, de prières ou de répétitions de formules magiques. On rencontre aussi des comportements de rangements, d’alignement. Plus rare est « le syndrome obsessionnel lent », caractérisé par une lenteur importante dans la réalisation d’actes non automatisés.

Les « comportements d’accumulation excessive », qui associent besoin irrépressible d’acquérir des objets inusuels et inutiles à l’impossibilité de s’en séparer, sont considérés en tant que troubles apparentés aux TOC. Ils sont source de handicap et d’isolement social.

Les rituels obéissent à des logiques numériques (« je répète 3 fois « tout est bon ») ou se basent sur l’obtention d’un type de sensation, qui est le soulagement et/ou la satisfaction («  je m’arrête de vérifier que la porte d’entrée est bien fermée quand je sens que c’est bon »).

Ils peuvent revêtir un caractère logique, compréhensible «  se laver les mains à plusieurs reprises pour éviter de contaminer le repas que l’on prépare pour la famille ») comme ils peuvent être magiques, propitiatoires (« réciter une prière pour empêcher un accident de voiture de survenir »).

Quand ils sont observables par une personne extérieure, les rituels sont dits « ouverts ». Ils sont cependant assez souvent associés à des rituels mentaux, dits « couverts », lesquels ne sont pas détectables par des tiers. Ils consistent en des calculs mentaux (ou arithmomanie), comptage, formules mentales, prières, récapitulation d’actes, d’énoncés.

Les obsessions

Les « obsessions » sont des pensées, des images mentales ou des impulsions qui font irruption dans le champ de la conscience de la personne lors de situations bien précises. Les obsessions, dont le caractère est répétitif et intrusif, génèrent des réponses émotionnelles aversives : anxiété, peur, panique, mal-être, dégoût, honte. A la différence des inquiétudes que l’on peut retrouver dans certains troubles anxieux (anxiété généralisée, trouble panique, phobies) et dépressifs, les obsessions représentent la crainte de causer un dommage à autrui et/ou à soi-même par mégarde, manque de précaution.

Les obsessions les plus fréquentes sont les obsessions d’erreur (crainte récurrente de causer du tort en commettant des erreurs), de contamination (crainte de transmettre de la saleté, des maladies graves, radiations, substances toxiques) et d’agressivité (crainte de frapper un être aimé ou faible, d’écraser quelqu’un par inadvertance lorsqu’on est en voiture ou à la suite d’une perte de contrôle).

Les « obsessions de malheur » représentent le besoin constant de protéger autrui de malheurs occasionnés par la production de certainsactes (« provoquer un accident en portant un pull-over rouge les jours impairs du mois ») ou pensées (« penser à telle personne jalousée va lui déclencher un cancer »).

Plus rares mais génératrices de sentiments douloureux de honte et de culpabilité sont les obsessions à caractère sexuel (images d’avoir des rapports sexuels avec enfants ou avec des personnes du même sexe) et religieux (scènes blasphématoires).

Les comportements d’évitements

Au côté des compulsions et des obsessions, les « comportements d’évitements », ouverts comme couverts, consistent en des attitudes actives de ne pas se retrouver en contact avec les situations (personnes, lieux, objets) susceptibles de déclencher les obsessions. Ainsi, éviter de feuilleter le dossier d’un patient que l’on pense séropositif, manipuler exclusivement des couteaux de petites dimensions et à bouts ronds afin de ne pas blesser son conjoint lors du repas.

Quand peut-on parler de Trouble Obsessionnel Compulsif ?

Le diagnostic de TOC est posé par le médecin lorsque l’on ne peut imputer la maladie à d’autres causes somatiques (maladies neurologiques, prise de médicaments ou substances, etc.) ou psychiatriques (troubles anxieux, schizophrénie, etc.) et que le temps passé à ritualiser ses obsessions, atteint ou dépasse une heure par jour. Au-delà, les conséquences dommageables sont manifestes tant au niveau de la sphère professionnelle que personnelle.

L’évolution des TOC

L’évolution spontanée des TOC est très rarement la guérison. Au-delà de l’adolescence, où les accès de colère sont une des manifestations d’appel du trouble, seul le recours à des traitements psychothérapiques et/ou médicamenteux peut amener à une diminution significative (50% des cas), voire la disparition (25% des cas) des symptômes invalidants.

Que la thérapie du TOC s’effectue auprès d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte, le rôle de la famille est primordial. L’implication d’un ou plusieurs membres de l’entourage dans la réalisation de certains rituels, participe à l’installation et au maintien du trouble. Le plus souvent, pour répondre aux demandes répétées et insistantes de la personne souffrant de TOC, telle épouse réassurera et assistera à son corps défendant au rituel complexe de lavage de son mari obsédé par la contamination, ou telle mère vérifiera les voyants du four et de la cafetière dans les moment où sa fille s’absentera du studio estudiantin. Avec les années, les réactions de découragements grandissent et alternent avec celles d’agressivité. Du fait de l’importance de leur rôle, dans nombre de circonstances, il sera fait appel à certains membres de l’entourage comme personnes ressources ou comme partenaires thérapeutiques dans la psychothérapie du TOC.

Quelles sont les thérapies efficaces vis-à-vis des TOC ?

Longtemps confondus avec la « névrose obsessionnelle » telle qu’elle a été définie par Sigmund Freud, ces troubles ne sont pourtant pas des troubles de la personnalité. En effet, ils ne font pas partie des traits durables de « personnalité obsessionnelle » même s’ils en partagent certaines caractéristiques (perfectionnisme et préoccupations pour le détail par exemple). Les TOC sont des affections qui se soignent et peuvent être prises en charge efficacement avec les thérapies actuelles.

Pour l’essentiel, la prise en charge des TOC s’articule autour de médicaments antidépresseurs et de psychothérapies cognitivo-comportementales.

Les médicaments

On utilise les molécules antidépressives inhibitrices de la recapture de la sérotonine (IRS). Cette dernière est une molécule qui transmet l’influx nerveux entre les neurones. Les IRS sont de maniement aisé et sont d’efficacité reconnue dans les TOC. Ils sont généralement bien tolérés, dans la mesure où ils doivent être pris pendant une certaine période (plus d’un an) seuls ou en combinaison avec une psychothérapie.

Les psychothérapies

Les psychothérapies recommandées sont principalement les thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Axées sur un rapport collaboratif entre le thérapeute et le patient, elles impliquent la participation active de ce dernier aux travers de la réalisation d’exercices comportementaux qui, de manière sécure et progressive, lui font prendre conscience de l’inutilité des rituels et du caractère inoffensif des obsessions. D’autres thérapies comme les Thérapies Brèves ou techniques comme la méditation de pleine conscience ont également fait preuve d’efficacité. Enfin, la recherche d’informations et de lectures au sujet de ce trouble très particulier et tout ce qui va relever du domaine de la psychoéducation peut s’avérer d’une grande aide pour le patient et son entourage. Les connaissances sur la pathologie qu’elle peut apporter vont à la fois rassurer et aider à une meilleures prise en charge en permettant de donner un nom à la maladie, en expliquant les symptômes et les différents moyens d’intervenir efficacement.

Voir aussi : la méthode de l’intention paradoxale.

Traitement des TOC sévères

La sévérité des TOC est variable. Elle peut être légère avec un faible impact sur le fonctionnement quotidien de la personne, à très sévère. Il devient alors très difficile de mener à bien de très nombreuses activités quotidiennes. Dans les cas très graves, une hospitalisation peut s’avérer nécessaire (quand par exemple les risques suicidaires sont élevés).

Dans le cas de TOC sévères résistants, le recours à des interventions de neurochirurgie (stimulation cérébrale profonde) est envisageable. Les résultats sont encourageants nonobstant leur aspect chirurgical, qui n’est pas anodin. La diffusion de la stimulation magnétique transcranienne, technique non invasive (qui ne nécessite pas d’intervention), demeure à ce jour confidentielle car de développement récent et encore peu évaluée.

Scroll to Top