La Kleptomanie
Quand voler est une maladie
Ce que c’est ? - les symptômes
Le kleptomane ne vole pas sans scrupules, ni remords. Il suit une impulsion interne irrésistible. Le vol soulage
pendant quelques
instants et l’objet volé n’a souvent aucune importance. Il n’est pas rare que des personnes fortunées et parfois
connues (comme
certaines stars d’Hollywood) se fassent condamner pour des vols à répétitions et, au total, un butin
dérisoire.
Les études sur la prévalence (nombre de personnes atteintes par rapport à un groupe plus large) de la kleptomanie
sont particulièrement difficiles à mener. En l’état actuel des connaissances, celle-ci est estimée entre 4 à 25
% des personnes arrêtées pour vol.
Cependant ce trouble reste très rare dans la population générale, sa prévalence étant estimée à environ 0,5%.
Les femmes sont plus souvent concernées que les hommes. La maladie commence souvent au cours de
l’adolescence.
La caractéristique principale est que les objets volés n’ont aucune utilité pour la personne. L’objectif du
kleptomane n’est pas
d’obtenir un article convoité ni d’augmenter sa capacité financière. Certaines personnes gardent et
collectionnent les objets volés,
d’autres les offrent, ou bien les jettent à la poubelle après le vol.
Le diagnostic de kleptomanie
Le DSM 5 (dernière version du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, qui fait référence pour
les spécialistes du monde entier) classe la kleptomanie parmi les « troubles disruptifs, du contrôle des
impulsions et des
conduites ».
Les critères pour en poser le diagnostic sont :
- L’impossibilité
répétée de résister à l’impulsion de voler des objets qui ne sont dérobés ni pour un usage personnel
ni pour leur
valeur commerciale.
- La sensation
croissante de tension juste avant de commettre le vol.
- Le plaisir,
la gratification ou le soulagement au moment de commettre le vol.
- Le vol n’est pas commis
pour exprimer la colère ou la vengeance, ni dans le cadre d’une autre maladie psychique…
D’après DSM 5, Kleptomanie.
Pour poser un diagnostic de Kleptomanie, il convient de bien le distinguer de ce qui pourrait être du vol
ordinaire, la simulation
d’un vol ordinaire, un paris entre adolescents, ou encore un vol en relation avec la personnalité
antisociale ou un épisode maniaque du trouble bipolaire.
Comme nous l’avons évoqué, les psychiatres pensent qu’il s’agit d’un « trouble du contrôle des impulsions
internes ». Nous avons
probablement tous vécu des moments très brefs où nous avons ressenti l’envie de nous emparer d’un objet qui nous
semblait extrêmement
désirable mais vraiment inaccessible. Et nous avons, bien évidemment, rejeté cette pensée aussitôt. Il existe
des arguments de
poids contre de tels comportements : les normes dans la société, le sens moral mais aussi, et tout simplement,
un certain bon sens
qui nous appelle à ne pas nous mettre dans des difficultés inutiles. Comme la majorité d’entre-nous, les
personnes souffrant de
kleptomanie ont bien intégré les normes de la société, ont une moralité tout à fait intacte et ne souhaitent pas
se retrouver
gratuitement en situation difficile et illégale. Cependant, elles n’arrivent pas à résister à l’impulsion de
passer à l’acte.
On pense aujourd’hui qu’une tension anxieuse interne extrêmement désagréable est soulagée par le passage à
l’acte. C’est un aspect
que l’on va retrouver dans un autre trouble « la pyromanie » ou sous une forme un peu différente dans l’addiction
au jeu d’argent.
En règle générale, le passage à l’acte n’est pas planifié à l’avance. Mais il y a des signes avant-coureurs : une
tension,
une nervosité interne
augmentant à la maison, au travail, en société… Dans ces moments, les personnes concernées ‘calculent’
encore le pour et le
contre. La plupart du temps, les tensions internes s’amplifient et ne disparaissent qu’après la sortie inaperçue
d’un magasin avec
un objet volé. Mais le soulagement ne sera que de courte durée car un sentiment de honte va rapidement prendre
le dessus. La déception
de ne pas avoir pu résister au vol provoque une culpabilité qui va faire le lit d’un nouveau passage à l’acte
ou d’une prise de
substance psychoactive – alcool et benzodiazépines notamment. Il arrive que de véritables dépressions
s’installent, avec parfois la survenue de passages à l’acte suicidaire lorsque la situation devient intenable
socialement.
Les causes
Les causes de la kleptomanie ne sont que très partiellement connues. Peu de travaux existent sur le sujet. A
l’heure actuelle,
quelques études sembleraient indiquer la participation de
facteurs génétiques
. Sur le plan psychologique, on retrouve souvent des antécédents de psychotraumatismes,
une
faible estime de soi et une difficulté voire une incapacité à exprimer la frustration.
La prise en charge thérapeutique
La grande majorité des personnes concernées se font prendre sur le fait un jour ou l’autre. Pour certains
patients, un tel
épisode peut avoir un impact important et les aider à accepter une prise en charge par un psychiatre.
Les thérapies cognitivo-comportementales semblent particulièrement indiquées. Pendant une thérapie cognitive et
comportementale,
les patients apprennent à remplacer leur comportement impulsif par des pensées et comportements alternatifs.
Le thérapeute proposera parfois au patient de l’accompagner dans des magasins pour y faire des courses. Le
kleptomane va ainsi
apprendre à choisir des objets, à les prendre dans ses mains et à les reposer ou à passer en caisse pour les
acheter. C’est un vrai
travail de soutien et d’exposition progressive pour apprendre à résister à l’impulsion de voler. Le patient est
félicité lorsqu’une
étape est franchie, ce qui l’encourage à affronter les situations suivantes.
Dans la mesure où la méditation de pleine conscience est efficace dans la gestion de
l’impulsivité,
cette approche peut être envisagée comme une ressource thérapeutique tout à fait pertinente.
Il y a peu d’études sur l’évolution de la maladie. On sait cependant qu’elle n’est pas toujours favorable. Les
rechutes sont
fréquentes, et ce malgré de multiples condamnations. Il n’est pas toujours simple d’accepter de s’engager dans
un processu
thérapeutique, et la thérapie peut également s’avérer inefficace.
Pour aller plus loin
Pour trouver des thérapeutes TCC : AFTCC
Pour avoir plus d’information sur ce qu’est la méditation de pleine conscience : mindfulness-france.org